Recueil de poesie
Commentaires :
La poésie française contemporaine est aussi vivante que diverse.
En dépit de propos réitérés sur la « crise » qui l'affecte, elle subsiste souterrainement et trace un chemin peu visible, au cœur de l'expérience de la littérature et sur les marges de sa diffusion.
Diverse, la poésie française contemporaine offre un paysage très contrasté au regard du lecteur d'anthologie. Comme s'il se trouvait mis en présence de tous les « styles » d'écritures possibles et voyait se côtoyer les formes apparemment les plus opposées : vers réguliers ou libres, proses lyriques ou littéralistes, minimalisme ou ampleur, oralité ou spatialisme, modernité affichée et militante ou jeu avec les formes fixes héritées de la tradition, mise en cause de la notion de genre ou resserrement sur cet ancien signe distinctif qu'est le vers...
La poésie contemporaine se donne à lire dans tous ses états.
Je serais donc tenté de reprendre la formule d'Emmanuel Hocquard qui parle quant à lui de "modernité négative". C'est-à-dire d'une modernité qui procède moins par affirmations nouvelles que par refus : soupçon à l'endroit des images, refus du poétisme, refus du sentimentalisme, refus du discours édifiant et du pathos... La poésie se resserre sur ses propriétés en même temps qu'elle dénoue de nouveau le carcan de ses traditions. Elle ne cesse de s'interroger sur ce qu'elle peut et ce qu'elle doit. Elle existe de se chercher. Rien ne lui est plus contraire que d'affirmer : la poésie c'est ça et pas autre chose. Elle est avant tout l'inquiétude même du langage. Claude Royet-Journoud la définit comme un "métier d'ignorance". Je citerai, à l'appui de cette formule, les premières lignes de « A noir » de Jean-Marie Gleize:
"Reste pour nous : la poésie. L'ignorance de ce qu'elle est. La faire, l'écrire, "pour savoir". Pour progresser dans cette ignorance. Pour savoir cette ignorance.