Recueil de poèmes
Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Raymond RADIGUET (1903-1923)
Amélie
Vagues charmeuses ô peut-être votre essaim
Mouille le ramage des vieux oiseaux moqueurs
Es se moquent de nous qui perdîmes un coeur
Coeur d'or que l'océan veut garder en son sein
Faire entendre raison à des âmes pareilles
En vain vous gazouillez bijoux à ses oreilles
Cher René nous savons que c'est pure folie
Ce voyage au long cours à cause d'Amélie
Moissonneur de nos mains fanées par les hivers
Les mousses se noyaient dans vos regards déserts
Auprès des matelots ce silence vous nuit
Vous devez avoir tort on ne meurt pas d'ennui
Orages sur le pont si le champagne mousse
Versons une liqueur de fantaisie au mousse
Pour nous remercier de ces verres de menthe
Il nous épellera le nom de son amante
Charles CROS (1842-1888)
A la plus belle
Nul ne l'a vue et, dans mon coeur,
Je garde sa beauté suprême ;
(Arrière tout rire moqueur !)
Et morte, je l'aime, je l'aime.
J'ai consulté tous les devins,
Ils m'ont tous dit : " C'est la plus belle ! "
Et depuis j'ai bu tous les vins
Contre la mémoire rebelle.
Oh ! ses cheveux livrés au vent !
Ses yeux, crépuscule d'automne !
Sa parole qu'encor souvent
J'entends dans la nuit monotone.
C'était la plus belle, à jamais,
Parmi les filles de la terre...
Et je