Revolution française et eglise
La Révolution française a constitué une rupture politique, mais a aussi changé le cours de l’histoire religieuse de France. En effet, le catholicisme, jusqu’alors religion d’Etat, perd son statut privilégié ; le clergé, auparavant respecté en tant qu’ordre, perd son influence politique ; un véritable schisme divise l’Eglise catholique française pendant presque dix ans ; enfin la France entre dans une période de laïcisation longue d’un siècle.
Qu’est-ce qui, dans le comportement du clergé français et de l’Eglise romaine, a fait que les révolutionnaires ont versé dans une déchristianisation violente, et ce même après avoir connu le soutien de ce même clergé ? Ce sont les questions croisées de l’influence de l’Eglise catholique sur la Révolution et de l’impact des mesures révolutionnaires sur l’Eglise qui sont soulevées ici.
Nous verrons que l’Eglise catholique française se joint rapidement à la Révolution malgré quelques hésitations dans ses rangs. La Constitution civile du clergé marque la rupture entre la Révolution et l’Eglise, ainsi que la division au sein même du clergé français. L’Eglise désormais soupçonnée d’être antirévolutionnaire, la Révolution est le théâtre d’une profonde déchristianisation qui achève de désacraliser la religion catholique.
Il apparaît qu’au début de la Révolution, l’Eglise française dans son ensemble suit le mouvement révolutionnaire. Ceci apparaît dès la nuit du 4 août 1789. Face aux troubles de l’été 1789, les états généraux cherchent à rétablir l’ordre par la réforme, en abolissant la « féodalité » et les privilèges qui jusque là profitaient à la noblesse et au clergé au détriment du Tiers-état. Sur les députés qui proposent et précisent ces mesures, un quart appartient au clergé. Il y a donc une volonté de réforme chez les membres du clergé. Les casuels, redevances perçues par les prêtres lors des offices, sont supprimés. La dîme, principal impôt touché par le clergé, est déclarée rachetable