Les arbres ne poussent pas jusqu'au ciel. Malgré le boom extraordinaire de l'horlogerie de luxe, Norbert Platt, patron de Richemont (CFR.VX), numéro deux mondial du luxe, veut garder les pieds sur terre. «Selon les pures lois statistiques, cela ne peut pas continuer. Si cela devait se poursuivre ainsi, tout le monde portera dix montres à ses poignets d'ici à cinq ans ou alors commencera une collection», a-t-il indiqué il y a un mois dans une interview. Raison pour laquelle le groupe sis à Bellevue (GE) se cherche des relais de croissance au-delà de l'horlogerie. A cette aune, il vient de prendre une participation, dont l'importance n'a pas été divulguée, dans la maison de couture Azzedine Alaïa. Cette griffe est toujours dirigée par son fondateur, couturier parisien d'origine tunisienne. Selon les sites internet spécialisés, la société réalise un chiffre d'affaires de quelque 15 millions d'euros. Il y a deux mois, Prada était sorti du capital et avait revendu ses parts au fondateur, pour un montant là aussi non dévoilé.
Azzedine Alaïa est loin d'être un inconnu, puisqu'il est considéré comme un des créateurs mythiques des années 80. Auparavant, il avait signé pour l'actrice Arletty l'une de ses premières robes noires zippées. Parmi les éléments récurrents de ses créations, le noir, le blanc, la transparence, «mis au service d'une réelle élégance sexy, sans jamais être vulgaire. Un véritable sculpteur du corps», selon un spécialiste. Le Musée Guggenheim de New York lui a consacré une exposition qui confirme son statut d'influence artistique majeure, bien au-delà des cercles de la mode. Il a officié pour des grandes maisons, notamment Christian Dior, et a habillé des célébrités comme Madonna, Béatrice Dalle, Naomi Campbell ou Tina Turner.
Alan Grieve, porte-parole de Richemont, a indiqué au Temps que le groupe n'avait pas fait de communiqué de presse en raison du «petit» montant que représentait la transaction et que l'opération ne constituait pas un