Rire, peut guérir
Bernard Champion insiste avec raison sur le fait que les émotions servent d'abord à communiquer. Les émotions comme les hormones relèvent donc de la théorie de l'information. On sait bien que le rire est facilement contagieux. On peut y voir une fonction de détente de l'agressivité et une sorte de transe qui met les corps en résonance sociale, soulignant leur appartenance à une communauté de sort au-delà de la solennité des mots et des enjeux symboliques. Dans le même ordre d'idée, le rire semble bien lié à la reconnaissance : pour faire rire un bébé on se cache et on réapparaît en faisant "coucou". Si on tombe sur un groupe d'amis, la reconnaissance mutuelle peut déclencher des rires, surtout en terrain ennemi. C'est en ce sens qu'on peut dire que "le rire ce n'est pas le désordre, c'est l'ordre".
Plus fondamentalement, il peut suffire d'une surprise pour déclencher le rire. On peut donc dire qu'il signale une "fausse alerte". C'est la chute qui provoque le rire, chute de l'histoire aussi bien que chute du corps pour peu qu'il n'y ait pas de mal. D'ailleurs, de même que le gaz hilarant sert d'anesthésiant, le rire diminue la sensation douloureuse ce qui est bien utile en cas de blessure légère. On n'est plus ici vraiment dans la communication mais plutôt dans la dimension cognitive de la "fausse reconnaissance" dont on