Roméo et juliette la snène du balcon
A elle seule, cette scène a généré la célébrité de la pièce et assuré la permanence du mythe. Remarquable par sa longueur, par la place qu'elle occupe elle est à l'origine fondée sur un stéréotype que ne manque pas de railler Mercutio : la sérénade sous le balcon. Elle est aussi innervée par la rhétorique pétrarquistes. Comment, à partir des codes courtois et renaissants, S crée-t-il un nouvel archétype ?
I - Les éléments fondateurs de l'harmonie.
A - Un lieu mythique ; le jardin.
Le jardin symbolise un espace de médiation entre le naturel et le civilisé, entre la ville et la maison. Ceint de hauts murs, le verger s'apparente aux constructions utopiques, difficilement accessibles. Lieu d'amour et de pureté, il peut faire songer au jardin d'Eden. Il ressuscite dans l'imaginaire le jardin allégorique du Roman de la rose, roman courtois apprécié par Pétrarque. J perçoit dans ce jardin l'éventualité d'un piège : domaine des Capulet, il pourrait être inféodé à la haine.
B - Une temporalité révélatrice : la nuit.
Comme la nature, la nuit dispense une atmosphère de paix. Epanchement du songe, elle est propice à la rêverie intérieure, comme lorsque paraissent les créatures nervaliennes, aux lisières de l'irréel. L'obscurité permet une osmose entre la vision et le fantasme. Elle est aussi pour les amants l'opportunité d'engager une confidence. Roméo se drape dans "le manteau de la nuit", J parle sous "le masque de la nuit". C'est parce qu'elle dérobe au regard que la nuit révèle au coeur. Elle joue le rôle d'intercesseur : initiatrice, elle conduit vers le dévoilement.
II - La tension vers l'absolu.
A - Le dispositif scénique, fondateur du sens.
Sur la scène élisabéthaine, la chambre de J devrait être dans les appartements supérieurs. Le dramaturge joue sur deux tensions : le haut et le bas, puis l'intérieur et l'extérieur. Ce processus agrandit la scène mentalement, mais il surtout rend visible la spécificité de la