Ronsard fontaine
La charmante ode qu’Horace adresse à la source (fons, tis, m.) de Bandusie a, c’est bien connu, inspiré à Ronsard une ode non moins gracieuse à la « fontaine » (= source) de son domaine de la Possonnière, dans son cher Vendômois. La comparaison s’impose, et peut-être n’est-il pas inutile d’en suggérer ici des éléments qui pourraient inviter les jeunes latinistes à découvrir à la fois un joyau de la poésie latine et l’imitation créatrice des poètes de la Pléiade. O fons Bandusiae, splendidior uitro, Dulci digne mero, non sine floribus, Cras donaberis haedo, Cui frons turgida cornibus Primis, et Venerem et prœlia destinat. Frustra : nam gelidos inficiet tibi Rubro sanguine riuos Lasciui soboles gregis. Te flagrantis atrox hora Caniculae Nescit tangere, tu frigus amabile Fessis uomere tauris Praebes et pecori uago. Fies nobilium tu quoque fontium Me dicente cauis impositam ilicem Saxis, unde loquaces Lymphae desiliunt tuae. O fontaine Bellerie Belle fontaine chérie De nos nymphes, quand ton eau Les cache au creux de ta source Fuyantes le satyreau Qui les pourchasse à la course Jusqu’au bord de ton ruisseau ; Tu es la nymphe éternelle De ma terre paternelle : Pour ce, en ce pré verdelet, Vois ton poète qui t’orne D’un petit chevreau de lait A qui l’une et l’autre corne Sortent du front nouvelet. L’été je dors ou repose Sur ton herbe, où je compose, Caché sous tes saules verts, Je ne sais quoi, qui ta gloire
Enverra par l’univers, Commandant à la mémoire Que tu vives par mes vers. L’ardeur de la canicule Ton vert rivage ne brûle, Tellement qu’en toutes parts Ton ombre est épaisse et drue Aux pasteurs venant des parcs, Aux bœufs las de la charrue, Et au bestial épars. Io, tu seras sans cesse Des fontaines la princesse, Moi célébrant le conduit Du rocher percé, qui darde Avec un enroué bruit L’eau de ta source jasarde Qui trépillante se suit.
Traduction du poème d’Horace : O