Rougon Macquart
Le deuxième tome des Rougon-Macquart est, du moins pour le plaisir de la lecture, le démarrage de la série après un premier opus, La Fortune des Rougon supportant la lourdeur de toutes les présentations familiales et des descriptions naturalistes allant avec. Quoique contenant aussi une intrigue propre, ce démarrage ne peut prétendre rivaliser avec les meilleurs opus de Zola, dont le grand talent est de se saisir d'un sujet donné et de l'exploiter à fond à l'aide de personnages issus de la lignée des Rougon-Macquart. Ce qu'il ne pouvait faire tout à fait lorsqu'il avait en tête l'introduction descriptive de cet anarchique arbre généalogique. La Curée est donc le premier des romans de la série à se focaliser sur une seule branche de l'arbre, et à la plonger dans la vie du second Empire.
La cellule familiale qui en constitue le cœur est celle d'Aristide, fils de Pierre Rougon, qui dans La Fortune des Rougon parvenait à la reconnaissance tant recherchée en prétendant avoir défendu la ville de Plassans (berceau des Rougon-Macquart) de la menace républicaine, en fait inexistante. Aristide avait quant à lui misé sur l'échec du coup d'État de Napoléon III, ce en quoi il eut tort, mais se convertit illico au bonapartisme avec l'aide de son frère Eugène, bonapartiste de la première heure et monté à Paris pour y réussir une carrière politique. A la fin de ce premier roman, Aristide s'apprêtait lui aussi à monter à Paris. Au début de La Curée, nous le retrouvons sous le nom d'Aristide Saccard dans la capitale, habitant un hôtel particulier de luxe, preuve de son succès initié par un mariage d'intérêts avec Renée Béraud du Châtel, fille d'un riche magistrat mis sur la touche suite au triomphe du coup d'État. La fortune d'Aristide s'est alors développée sur la spéculation provoquée par les travaux dirigés par le Baron Haussmann, spéculation qu'Aristide, toujours avide d'argent, compte encore accroître malgré d'éventuelles difficultés. Pendant ce temps-là, sa femme