Déjà depuis le lycée, je ne supportais pas la vue de tous ces mégots écrasés devant le portail grisâtre de mon lieu d'étude. Rien que l'idée d'apercevoir un bout de coton encore brûlant jeté dans les airs par un de mes camarades et de le voir arriver au pied de mes baskets me dégoutait, m'horrifiait. Je n'avais jamais approché de près ou de loin, de jour ou de nuit cette drogue si appréciée des adolescents qui avaient mon âge, je la haïssais, je la détestais... A 21 ans, je poursuivais mes études d'ingénieur informaticien dans une école située loin de chez moi. Pour mon dix huitième anniversaire, avec l'aide de mes parents je m'étais acheté une voiture d'occasion, mais une voiture quand même.La longueur du trajet entre mon école et la maison les avait convaincus de cet achat.
Un matin, garé à la même place que d'habitude, celle que j'utilisais tous les jours depuis trois ans devant l'école, celle qui gardait sagement ma voiture du matin au soir sans que rien n'arrivait, tout se passait bien dans le meilleur des mondes et j'avais la conviction que cela allait continuer. Malheureusement, après une épuisante journée de cours, ne désirant que rentrer chez moi afin de m'asseoir devant une série américaine mal tournée avec une assiette brûlante de restes soigneusement réchauffés au micro-onde, je ne vis à la place habituelle de mon auto qu'un épais tas de débris encore fumants. Je rentrais chez moi complètement anéanti. Que s'était- il passé? Pourquoi moi? Qu'avais-je fait et à qui ? Pour quelles raisons m'en voulait-on à moi et à ma routine d'étudiant ? Après enquête, aucun indice ne fut trouvé, aucun signe de vandalisme, les gardiens de la lois optèrent pour une des solutions les plus pertinentes à leur s goûts du fait de la multitude de mégots qui jonchaient le parking. « Vous deviez avoir une fuite d'essence, expliquèrent-ils, quelqu'un s'est garé a côté de vous et, en finissant sa cigarette a eu le réflexe du citoyen ayant une cochonnerie dans la main.