Vers la fin du Moyen-Âge, le royaume d'Espagne comptait parmi les plus riches et les plus puissants du monde. La Reconquista, qui avait duré sept cent soixante-quatorze ans de l'année 718 jusqu'en 1492, avait accrédité le plan de l'expansionnisme chrétien dans toute l'Europe, et les musulmans de la péninsule Ibérique ainsi que les juifs furent contraints à l'exil. Tous ceux qui avaient refusé de quitter l'Espagne avaient été soit convertis, soit tués. De Grenade jusqu'aux Asturies, la force de l'armée du Général Tariq Ibn Ziyad avait depuis 711 imposé le régime islamique aux Européens. À cette date, douze mille hommes, presque tous des berbères, étaient entrés au royaume d'Espagne et grimpaient le long du continent sans qu'il leur fut même possible d'envisager la défaite ou le retrait. Tariq avait brûlé ses propres navires et proclamé : « La mer est derrière vous et l'ennemi est devant vous. ». En vingt et un ans, les quatre-vingt pour cent de la péninsule avaient été aux mains des arabes et leur autorité s'exerça rudement. À la chute du califat en 1039, les omeyyades léguèrent aux émirs les territoires conquis et le pays fut subdivisé en taïfas. Les Maures avaient alors conquis la quasi-totalité du territoire duquel ils allaient administrer tour à tour, pendant près de huit cents ans, les différentes provinces. Seuls les habitants du Nord, que la victoire du roi wisigoth Pélage à Covadonga avait épargné des musulmans en 718, surveillaient encore la chrétienté du continent hispano-arabe.
Au cours des siècles, avec l'appui des forces étrangères, les chrétiens vainquirent une à une les taïfas et reconquirent l'ensemble du continent jusqu'à Grenade le second jour de l'an 1492. Le règne musulman en Espagne avait alors entièrement disparu. Cette année devait marquer l'hégémonie chrétienne sur les forces barbares.
Les nouveaux chrétiens de la péninsule – morisques et conversos – furent exterminés par l'inquisition espagnole dès 1478 ; la bulle du Pape Sixte IV