Sujet d'imagination
Cette année-là, je passais les vacances d'été chez mes cousins, à Forbach, en Moselle. Mon oncle et ma tante habitaient un petit immeuble de trois étages à la périphérie de la ville. Après, c'étaient de vastes prairies, et plus loin, derrière la colline, la voie ferrée. Au milieu de ces étendues se dressait une maison à étages abandonnée, ouverte aux quatre vents. Elle faisait la joie des enfants du quartier qui en avaient fait un de leurs terrains de jeux favoris malgré les mises en garde des parents.
Un jour que nous jouions à cache-cache, mes cousins et moi ainsi que les autres enfants de l'immeuble, je trouvai une cachette idéale, dans un recoin sombre au fond des caves de la maison abandonnée. Je m'y pelotonnais afin de ne pas être repéré. À un moment, j'entendis du bruit : des pas, des portes qui s'ouvraient et se fermaient, les craquements de l'escalier… Je me recroquevillais encore plus. Puis plus rien. Le silence. Au bout de quelques minutes, je sortis de mon trou. La porte de la cave où je m'étais caché était fermée. Ou coincée. J'avais beau tirer, pousser, tourner la poignée, impossible de l'ouvrir ! J'étais prisonnier ! Je n'étais pas trop inquiet. On finirait bien par s'apercevoir de ma disparition et on me chercherait. Je m'assis sur le sol et me mis à regarder le ciel à travers le tout petit soupirail qui s'ouvrait sur l'extérieur.
Le temps passait mais personne ne venait me délivrer. Je pensai à tous ceux qui étaient enfermés et qui, comme moi, fixaient cette lumière qui tombait du soupirail. Comme eux sans doute, je laissai vagabonder mon esprit. Je n'étais plus prisonnier de ces lieux ténébreux et poussiéreux, je parcourais de vastes espaces ensoleillés ; je courais dans les herbes folles où saignaient des coquelicots. Je franchis d'un bond un petit ruisseau scintillant. J'étais libre ! Libre de mes mouvements, de laisser la chaleur de l'été chauffer mon corps avide d'action au grand air. Je m'étendis sur un rocher brûlant