SAMUEL BECKETT
( d'après le dossier de Baptiste Roux )
1. Beckett , écrivain de l'empêchement .
Auteur qui a su dire l'impossibilité de dire , Samuel Beckett est considéré comme l'écrivain de l'empêchement . Toute son œuvre repose sur une ambiguïté : La nécessité de dire et l'impossibilité de dire , tel est le dilemme .
Le malheur et le comique de l'homme ne sont pas seulement inséparables mais sont les paroxysmes l'un de l'autre . Beckett affirme d'ailleurs " Rien n'est plus grotesque que le malheur " . L'auteur n'a jamais cessé de nous surprendre, lui, l'écrivain par excellence répétitif, par son énergie à ressasser la vieille rengaine, la vieille antienne , la vieille souffrance : " Chante ta chanson, Winnie " dans Oh les beaux jours . La part humoristique est importante dans le travail de Beckett . Elle est immense dans sa période triomphaliste , de Malloy à Fin de Partie . Elle a même conduit à transformer la figure du clown en celle du clochard . Dès lors , le clochard et le clown sont la face désolée et la face hilarante indéfiniment réversibles de la créature beckettienne . «Cet être désemparé, cette entreprise que nous sommes tous à l'état d'épave » , dont parlait Georges Bataille . Le public est alors partagé entre ceux qui recevaient avec angoisse les grimaces du clown triste et ceux qui au contraire rient à ces pitrerie métaphysique. Le malheur est la sensation la plus grotesque selon Beckett , et c'est cette proposition qui est à l’œuvre dans le travail de Beckett . Dans Comment c'est, l'auteur dit d'abord «Rien n'est plus grotesque que le malheur» puis ajoute «Rien n'est plus réel que le tien».
Samuel Beckett, increvable, continue de publier jusqu'au bout. A sa mort , en 1989, il a déjà écrit et publié Cap au pire , mais sa traduction ne se fait qu'en 1991 en France par Edith Fournier . A l'âge de quatre-vingts ans, Beckett continue à écrire, ses pièces se jouent encore.