Science et conscience
D'une part, en effet, si tous les savants tirent leurs notions des faits, il en est, les mathématiciens, qui ne restent pas à ce niveau du réel et qui construisent de toutes pièces le monde dans lequel ils évoluent. D'autre part, le philosophe part, lui aussi, des faits : les notions qu'il utilise, par exemple celles de cause ou de fin, d'esprit on de matière, de bien ou de mal, lui sont données par l'expérience du monde dans lequel il vit. De plus, c'est ce monde qu'il veut comprendre et expliquer et non je ne sais quel monde possible que pourrait lui représenter son imagination. B. Néanmoins, la philosophie ne se confond pas avec les autres sciences.a) Et d'abord, si, comme elles, elle aspire à expliquer le réel, l'explication qu'elle cherche ne se situe pas au même niveau. Le savant se contente de l'explication immédiate et directement vérifiable; le philosophe prétend à l'explication dernière. Le savant constate que le monde existe et s'efforce de comprendre les phénomènes qu'il y observe; le philosophe se demande comment et pourquoi il existe, il cherche sa cause première et sa fin dernière. b) Mais cette différence n'est sans doute pas la plus essentielle. On peut même dire que le philosophe ne s'occupe guère du monde, au sens ordinaire du mot dans la bouche des savants, c'est-à-dire du monde matériel; du moins le regarde-t-il avec d'autres yeux.
Ainsi lorsqu'on dit : « l'inconscient nous gouverne », « l'inconscient nous pousse... », ce sont là des abus de