senghor
Extrait de Poèmes / Chants d’ombre, Éditions du Seuil, Paris, 1964, 256p. (p.15)
Chants d’ombre (1945) : recueil sur ses années d’étudiants, étudiant noir à Paris, où il mêle les influences auxquelles il a été soumis (ses racines noires, enchanteresses et invocatrices, et la culture française, celle du colonisateur et pourtant si belle et riche), chantant l’art, l’amour, la paix, la femme, et Paris. (http://defis5continents.wordpress.com/tag/senghor/) Joal : Important village sérère sur la Petite Côte, au sud de Mbour. Ancien comptoir portugais. Passe pour être le lieu de naissance de Senghor. En 1913-‐1914, celui-‐ci fut élève de la Mission catholique qui s'y trouvait.
« Joal » Joal ! Je me rappelle. Je me rappelle les signares1 à l'ombre verte des vérandas. Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève. Je me rappelle les fastes du Couchant Où Koumba N'Dofène2 voulait faire tailler son manteau royal. Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés3 Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots4. Je me rappelle les voix païennes rythmant le Tantum Ergo5, Et les processions et les palmes