Sociologie de la jeunesse
Par Chafik HBILA
Nous avons assisté ces trente dernières années en Europe, avec une acuité plus forte dans les années 2000 du fait de la montée de l’islamophobie, à une recrudescence des politiques identitaires comme réponse au choc de la mondialisation, avec leur deux corollaires : fermeture des frontières et développement d’une idéologie sécuritaire. Les mouvements populistes d’extrême droite n’ont cessé de gagner du terrain réussissant même à accéder aux responsabilités dans certains pays.
Pour Lagranges, les dérives de la jeunesse et, plus largement, la situation très précaire des quartiers populaires en France a toujours été analysée sous l’angle de l’absence de ressources à disposition des populations concernées dans le cadre de la traditionnelle question sociale : taux de chômage important, échec scolaire des enfants... Selon lui, cette lecture des problèmes par la prise en compte des conditions économiques n’a jamais entièrement convaincu. En France, deux types d’interprétation complémentaires ont été avancées : * La première prétend que les quartiers populaires seraient le théâtre d’une désorganisation des repères familiaux et moraux, d’une altération des solidarités, le tout alimenté par des politiques d’assistance sociale trop généreuses qui auraient pour conséquence une crise de l’autorité paternelle, un laxisme éducatif et un manque d’intérêt pour l’école. On suggère dans cette approche que l’importance des transferts sociaux chez les familles vivant dans les quartiers populaires favorisent une perte d’exigence et un affaiblissement de la valeur travail. * La seconde, quant à elle, stigmatise le repli sur soi des migrants venus notamment d’Afrique et de Turquie en pointant le danger de dérives communautaristes qui contestent le droit commun et les valeurs républicaines. Cette approche considère que les quartiers populaires seraient gagnés peu à peu par des mœurs et des traditions