sonnet
2.1. Un bien étrange sonnet
12Paru dans la Revue contemporaine du 30 novembre 1859, « Sonnet d’automne » porte dans son titre une trace du goût de Baudelaire pour la « beauté pythagorique » de la forme-sens du sonnet : « Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense. Tout va bien au Sonnet, la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation philosophique. Il y a là la beauté du métal et du minéral bien travaillés » (lettre à A. Fraisse du 18 février 1860). Les Fleurs du Mal comptent soixante sonnets aussi bien à 5 qu’à 7 rimes. Dans un grand nombre d’entre eux, les quatrains adoptent un schéma à quatre rimes et les variations de la structure des trois rimes des tercets est massivement exploitée. Seule la règle d’alternance des rimes féminines (en majuscules ci-après) et masculines (en minuscules) demeure constante. Au regard de cette poétique baudelairienne du sonnet (Gendre 1996 : 175-199 et de Cornulier 2002), « Sonnet d’automne » tranche par son étonnante économie. Alors qu’il est entouré de sonnets à 7 rimes ([63], [65], [66], [67]), sa combinatoire de rimes est réduite à l’alternance d’une masculine /al/ et d’une féminine /it(e)/ :
Sonnet d’automne [64]
Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal : a (al)
« Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? »
B (it)
– Sois charmante et tais-toi ! Mon cœur, que tout irrite,
B (it)
Excepté la candeur de l’antique animal, a (al)
Ne veut pas te montrer son secret infernal, a (al)
Berceuse dont la main aux longs sommeils m’invite,
B (it
Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
B (it)
Je hais la passion et l’esprit me fait mal ! a (al)
Aimons-nous doucement. L’Amour dans sa guérite,
B (it)
Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal. a (al)
Je connais les engins de son vieil arsenal : a (al)
Crime, horreur et folie ! – Ô pâle marguerite !
B (it)
Comme moi n’es-tu pas un soleil automnal, a (al)
Ô ma si