"spleen" - Baudelaire
Selon Baudelaire, l’artiste moderne échappe au dilemme entre la fugitivité et éternité qu’assure le dégagement de l’invariable. La modernité ne saurait se confondre ni avec celle d’actualité ni avec celle d’intemporalité.
"Spleen" de Baudelaire
Introduction : à l'intérieur des Fleurs du Mal, quatre poèmes se succèdent sous le même titre "Spleen". Emprunté à la langue anglaise, ce terme désigne initialement la rate, longtemps considérée comme le siège des humeurs mauvaises de la mélancolie. Il désigna ensuite par extension la tendance aux idées noires. Mais, pour Baudelaire, le spleen recouvre une réalité plus complexe. C'est un sentiment d'angoisse, d'ennui, une sensation d'usure et de faiblesse. On le vérifie dans un des ces quatre poèmes, un sonnet en alexandrins, aux rimes alternées. Il conviendra d'abord de voir en quoi l'univers de ce sonnet est oppressant et morbide puis nous constaterons qu'aux yeux du poète, toutes les perspectives de bonheur semblent anéanties.
I. Un univers douloureux et morbide
L'univers que le poète dépeint est très révélateur de son état d'âme.
1. Un décor oppressant
L'atmosphère hivernale rend ce décor étouffant : "pluviôse", "grands flots" (hyperbole), "froid ténébreux", "frileux", "brumeux".
Notons que "pluviôse" occupe la fonction sujet et est personnifié. Le poète lui confère ainsi une grande force. Les hommes semblent impuissants, incapables d'y faire face et ne font que subir. L'allitération en [r] des deux premiers vers renforce la rigueur du climat.
Par ailleurs, nous assistons tout au long du sonnet à un rétrécissement du monde qui intensifie la sensation d'oppression. En effet, le regard général sur la "ville entière" du vers 1 se restreint aux dimensions d'une pièce close dans le 2nd quatrain puis s'immobilise sur une table de jeux : ce rétrécissement de l'espace rend compte du sentiment d'oppression du poète.
2. La maladie et la proximité de la mort
La maladie et la mort