Séquence 1 – Itinéraires de l’amour : la poésie lyrique
Texte 1
Support : L’Olive, sonnet X (1550), Joachim Du Bellay (1522-1560)

Du Bellay contribue à enrichir la poésie française en employant une forme considérée comme moderne pour l’époque : le sonnet. Né au XIIIème siècle en Italie, diffusé grâce à l’œuvre de Pétrarque qui chante son amour malheureux pour une jeune femme, le sonnet devient, au XVIème siècle, la forme lyrique par excellence. Du Bellay utilise exclusivement ce type de poème dans le recueil L’Olive.

L’Olive, X

Ces cheveux d'or sont les liens, Madame,
Dont fut premier ma liberté surprise
Amour la flamme autour du coeur éprise,
Ces yeux le trait qui me transperce l'âme.

Forts sont les noeuds, âpre et vive la flamme,
Le coup de main à tirer bien apprise,
Et toutefois j'aime, j'adore et prise
Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame.

Pour briser donc, pour éteindre et guérir
Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie,
Je ne quiers1 fer, liqueur, ni médecine:

L'heur2 et plaisir que ce m'est de périr
De telle main ne permet que j'essaie
Glaive tranchant, ni froideur, ni racine.

Séquence 1 – Itinéraires de l’amour : la poésie lyrique
Texte 2
Support : sonnet XIV (1555), Louise Labé (1524-1566)

SONNET XIV
« Tant que mes yeux pourront larmes épandre … »

Tant que mes yeux pourront larmes épandre A l’heur passé avec toi regretter3, Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre4,

5 Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard5 luth, pour tes grâces chanter,
Tant que l’esprit6 se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre7,

Je ne souhaite encore point mourir.
10 Mais quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d’amante,
Prierai la Mort noircir mon plus clair jour.

Séquence 1 – Itinéraires de l’amour : la poésie lyrique
Texte 3
Support : « A une passante », Les Fleurs du mal,