Stendhal
Certains protagonistes ont une vision naïve et fausse de la guerre ; dans Candide de Voltaire et la Chartreuse de Parme de Stendhal, les deux héros ont une vision semblable et erronée de la guerre. Ainsi Candide a une vision esthétique de la guerre, soulignée par l’hyperbole et l’accumulation des adjectifs : « Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. », tandis que Fabrice Del Dongo assoiffé de gloire, est fier et satisfait de se trouver au milieu d’un champ de bataille : « Ah ! M’y voilà donc enfin au feu ! Se dit-il. J’ai vu le feu se répétait-il avec satisfaction. » Voltaire et Stendhal ne partagent pas le point de vue de leur protagoniste et le montrent avec des procédés différents. Dans Candide, Voltaire dit le contraire de ce qu’il pense, il utilise l’ironie. Son point de vue et celui du protagoniste sont opposés, comme le font voir de nombreuses antiphrases, telles que « une harmonie telle qu’il y en a jamais eut en enfer », ou un oxymore, « cette boucherie héroïque ». Les descriptions sont très crues, pour dénoncer la barbarie guerrière. Quant à Stendhal, il tourne en dérision Fabrice Del Dongo et se moque de lui car les pensées de son antihéros sont en décalage par rapport à la situation, il éprouve de la gloire, alors qu’il se trouve au milieu du champ de la bataille de Waterloo, au cœur d’une défaite militaire : « Me voici un vrai militaire ! » « Il n’y comprenait rien du tout. » Dans l’extrait de Voyage au bout de la nuit, Ferdinand Bardamu a, au tout début du texte, lui aussi une vision décalée par rapport à la guerre. Il parle de la campagne, naïvement, en utilisant du vocabulaire familier