La propriété privée La débauche
L’esclavage
L’appropriation
La fraternité
La frugalité
Denis DIDEROT, Supplément au voyage de Bougainville, ou Dialogue entre A et B sur l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas, 1772.
[1] C’est un vieillard qui parle ; il était père d’une famille nombreuse. À 1 l’arrivée des Européens, il laissa tomber des regards de dédain sur eux, sans 2 marquer ni étonnement, ni frayeur, ni curiosité1. Ils l’abordèrent …afficher plus de contenu…

Nous avons respecté notre image en 47 toi. // [9] Laisse-nous nos mœurs ; elles sont plus sages et plus honnêtes que 48 les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, 49 contre tes inutiles lumières4. / Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le 50 possédons. [Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n’avons pas su 51 nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de 52 quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es 53 entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu’où tu 54 voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres 55 1 La présence de ce vieillard et son attitude à l’arrivée des Européens sont signalées par …afficher plus de contenu…

Enfonce-toi, si tu veux, dans 96 la forêt obscure, avec la compagne perverse de tes plaisirs ; mais accorde aux 97 bons et simples Taïtiens de se reproduire sans honte, à la face du ciel et au 98 grand jour.] Quel sentiment plus honnête et plus grand pourrais-tu mettre à 99 la place de celui que nous leur avons inspiré, et qui les anime8 ? Ils pensent 100 que le moment d’enrichir la nation et la famille d’un nouveau citoyen est venu, 101 et ils s’en glorifient. Ils mangent pour vivre et pour croître : ils croissent pour 102 multiplier, et ils n’y trouvent ni vice ni honte. 103
Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, II,