Syndicalisme et socialisme
Pour bien comprendre la valeur du syndicalisme au sein du socialisme international, il ne faut pas perdre de vue que, comme dans tous les mouvements sociaux, il y a dans le socialisme un côté essentielet un côté accessoire,et qu'il arrive souvent que l'accessoire finit par l'emporter sur l'essentiel.
Le socialisme est un mouvement de masse. Ce mouvement peut bien se développer par voies souterraineset prendre historiquement la forme de la conspiration. Mais, précisément parce qu'il intéresse la masse, ou bien il vient couronner la démocratie, ou bien il se sert des mêmes moyens d'action que la démocratie. il n'est pas besoin de rappeler que les mêmes faits qui engendrent ou représentent la démocratie, donnent lieu au socialisme.
Le socialisme traverse un moment critique. Il lui semble que son sort est lié à celui de la démocratie, et qu'il ne peut vivre qu'au sein des institutions démocratiques. Suffrage universel, parlementarisme, pression sur les pouvoirs publics, agitation de l'opinion publique, considérée comme exprimant les sentiment de tous les citoyens, enfin conquête de l'État, semblent la manifestation légitime de l'action socialiste.
Mais, en réalité, le socialisme n'est pas un dérivé de la démocratie. Tout au plus peut-on dire qu'ils tirent l'un et l'autre leur origine d'une même situation historique et qu'elle les a engendrés simultanément. La démocratie avait pour objet l'action en commun et solidariste de tous les citoyens à l'intérieur de l'État ; le socialisme a pour but l'action distincte et séparée d'un groupe de producteurs à l'intérieur de l'atelier et sur le terrain des antagonismes économiques, pour rayonner de là au dehors et investir l'État.
Le socialiste,naturellement, n'exclut pas le citoyen; et qu'on considérât, historiquement, l'État comme un organe destiné à représenter les intérêts économiquement prépondérants, cela n'empêchait nullement qu'on ne tentât s'en rendre l'action moins pesante et