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DOSSIER

ENTRETIEN

Pourtant, Nicolas Sarkozy a été extrêmement critique à l’égard de la presse.
La première fois que Nicolas Sarkozy m’a reçu à l’Élysée, c’était en septembre 2008, pour prendre un verre, en fin d’après-midi, de façon informelle, à bâtons rompus. Il y avait Giesbert,
Catherine Nay, Alain Duhamel et moi. La première demi-heure a été l’occasion de casser du sucre sur le dos des journalistes. Il m’a d’ailleurs assez clairement dit que ça serait bien de débarquer la personne qui suivait l’Élysée au Monde et de lui faire faire autre chose. Un jour, Martine Aubry m’a demandé la même chose pour la journaliste qui suivait le PS… Sarkozy avait joué des médias pour sa grande entreprise de séduction, mais n’acceptait pas qu’ils le critiquent. Dans un premier temps, il essayait de rester dans la séduction, de privilégier des relations bilatérales. Mais quand il considérait que son opération échouait, ça devenait très désagréable.
C’est ce que je raconte dans le livre, tous ses coups de fil pour me dire : « Votre journal perd des lecteurs, mais c’est normal vu votre ligne éditoriale. »
Vous racontez la tentative du tutoiement…
Je l’ai enrayée tout de suite, le tutoiement, le prénom. Je considère que transparence rime avec distance. Notre métier de journaliste est un métier de mise à distance. Robert Capa 2 disait que lorsqu’une photo n’est pas bonne, c’est qu’on n’est pas assez près. Conviction qui lui a coûté la vie. Ça veut dire que faire du journalisme, c’est aller au contact. C’est très important de le dire aujourd’hui alors que le monde des écrans fait que les journalistes vont moins au contact. À ne pas confondre avec la connivence. L’important est qu’au moment d’écrire ou de rendre compte de votre information, vous gardiez la distance nécessaire. Beuve-Méry refusait qu’un journaliste du Monde soit invité à un déjeuner. Il voulait qu’il paye. Je pense que cette mise à distance était très difficile avec Sarkozy,