Tant est mon coeur plein de joie
Durant le XIIe siècle, l'amour courtois est un sujet très présent dans la poésie des troubadours. Ceux-ci, afin de divertir la vie des seigneurs et des nobles dames, chantent leurs poèmes en s'inspirant des rapports de soumission à la femme, du désir inassouvi du chevalier et de la sublimation de celui-ci. Tant est mon cœur plein de joie est un poème écrit par Bernard de Ventadour (v.1125 - v.1195). Malgré ses origines modestes, l'auteur devient le poète de cour auprès d'Aliénor d'Aquitaine, reine de France. L'écrivain incarne l'amour passionné d'un homme suivi de ses souffrances après un rejet de la femme aimée et une distance trop grande qui les sépare. Dans son œuvre, Bernard de Ventadour évoque la puissance du sentiment amoureux ainsi que les obstacles à la réalisation de l'amour. Enfin, les tourments endurés par le poète sont aussi représentés dans Tant est mon cœur plein de joie.
Bernard de Ventadour chante les louange d'un chevalier amoureux d'une jeune dame. Il exprime son amour pour elle et voit le monde transfiguré par la passion: « Tant ai au coeur d'amour / De joie et douceur, / De quoi gel me semble fleur / Et neige verdure. » (v. 9-10-11-12) Le rejet de la dame et la distance qui les sépare, le mène à de grandes souffrances et il souffre d'insomnie. Il aimerait tant être un oiseau et traverser le monde pour la voir. Son amour pour la femme reste très grand: « Dame, pour votre amour / Je joins les mains et adore / Noble corps de fraîche couleur ». (v.57-58-59) En effet, Bernard de Ventadour voue un culte à la femme, il est soumis à