Je commençai, tout doucement, par calmer ma respiration. J'étais tellement essoufflé que je n'arrivais même plus à parler. Je me tenais devant mon père, non pas celui que j'ai depuis que je suis né, mais le Père de mon village, celui qui résidait dans la sainte église du Mont-Saint-Michel. Pendant plusieurs minutes, mon corps resta crispé devant lui, obligeant mon regard à regarder ses pieds. Il resta là, sans dire un mot, sans même me regarder. Il attendait patiemment que son petit mouton égaré lui parle. Pas que je sois croyant, mais à ce moment même, j'aurais bien voulu l'être.

****

Il me tira l'oreille jusqu'au pied de ma mère. Elle était folle de rage. Pourquoi me diriez-vous? Et bien, mettons la situation au clair. Ma mère est cette sorte de parent qui voie son passé raté se rattraper dans les pas de son enfant. Donc au lieu de le laisser faire sa vie et de rester parents accompagnateurs remplis de sagesse et de conseils, ils deviennent parents trop présents et avares de la trop grande, mais non suffisante réussite de leur enfant. Ils me regardèrent tous deux d'un regard méprisant.

****

De son ton doux et et calme, il me demanda.
« Qu'est qu'il y a jeune homme, que me vaut votre visite si tardive? »
Je ne répondis rien, mon cœur bâtait la chamade et je ne pouvais l’arrêter. J'avais l'impression que mon thorax allait exploser sous ces coups répétés. Une odeur de vieux livre empestait et me donnait la nausée. Je m'assis.

****

Et me mis à pleurer. Ils étaient là et ne faisaient rien. Leur fils pleurait et ils ne faisaient rien, même pas un mot de leur part pour chasser mes larmes. Je pleurais de plus en plus fort et, au bout d'un moment, ils sont rentrés sans dire un mot, me laissant seul à la lueur de la lune. M'étant calmé un peu, je me levai enfin.

****

Mon Père était encore là à me regarder et à attendre patiemment que je lui révèle mon lourd fardeau. Mes yeux étaient remplis d'eau et mon corps