Introduction
D'Eschyle à Camus en passant par Racine, Corneille ou Giraudoux, la mythologie a toujours constitué une source d'inspiration pour les dramaturges. Au cœur du théâtre antique du ve siècle avant J.-C., les mythes continuent de nourrir le théâtre contemporain, peut-être parce qu'ils questionnent et mettent en scène la mort, thème universel.
Les scènes 3 et 4 de l'acte I de l'œuvre de Wajdi Mouawad, Le Soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face (2008), plongent le lecteur et le spectateur dans une atmosphère de deuil et de désespoir. On apprend à travers la parole d'un personnage nommé Père la disparition d'Europe et la mort de ses frères, ce qui conduira le père à se défenestrer. La scène suivante, située dans un cimetière, met en scène Cadmos, dernier survivant de la lignée, alors qu'il enterre ses frères et son père. L'utilisation de personnages issus de la mythologie grecque ainsi que la mise en place d'une situation dramatique où la mort prédomine ancrent ces scènes dans le registre tragique, faisant ainsi écho aux tragédies de la Grèce antique.
Dans quelle mesure peut-on parler d'une réécriture des thèmes antiques, impliquant ainsi la reprise des codes dramaturgiques de la tragédie confrontés à une écriture contemporaine ?
Nous essaierons de définir ces deux scènes en analysant tout d'abord le registre tragique qui prédomine, puis en mettant en lumière leur caractère dramatique. Enfin, nous concentrerons notre analyse sur la spécificité de l'écriture de Wajdi Mouawad.
I – Une scène tragique

Idée directrice : le passage que nous étudions s'inscrit dans la lignée des tragédies antiques et s'appuie sur les mêmes ressorts de terreur et de pitié, effets inspirés par l'évocation de la mort.
1. Pitié
"Plus de regard vers la plage/ Plus de plage/ Plus de sourire/ Plus de rire"
"Comme des pleurs sur la ville sans sanglots sans rien."
"Catastrophe catastrophe !"
"L'oriflamme de douleur"
2. Terreur
"Fils rejetés par les vagues/ Décapités/ Atrophiés"
"Le