Theatre baroque
Corneille avoue dans sa préface de Nicomède que le caractère indomptable de son héros est peu conforme aux vertus antiques : " Ce héros de ma façon sort un peu des règles de la tragédie, en ce qu’il ne cherche point à faire pitié par l’excès de ses malheurs ; mais le succès a montré que la fermeté des grands cœurs, qui n’excite que de l’admiration dans l’âme du spectateur, est quelquefois aussi agréable que la compassion… " Les héros cornéliens le disent souvent : leur mobile est la gloire, c'est-à-dire que ce qui les pousse à agir, ce qui les guide dans les décisions à prendre, c'est la gloire. Mais le mot gloire est à comprendre dans un sens particulier qui n'est pas l'acception actuelle (de célébrité, renommée) : Le moi du héros, le héros cornélien est à la fois poussé par la recherche du sublime, du grand et par le sens du devoir. Il est lieu d'un conflit entre mouvement, impulsion (la recherche du sublime) et une contrainte, celle du devoir. La gloire est constituée de ces deux aspects : Poussé par le sublime
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Limité par le devoir
Héros cornélien
Gloire
L'élan du sublime, où le moi affirme sa propre grandeur et l'injonction (commandement, ordre) du devoir à laquelle il se plie, procèdent du même mouvement glorieux.
La gloire, qu'au contraire il invoque sans cesse, c'est aussi l'orgueil, mais érigé en bien suprême et transposé de l'ordre du fait à celui de la valeur, la gloire n'est pas tant ce qui découle des actes (ce serait alors le souci de la renommée), mais le souci de concilier le goût du sublime, de la grandeur et le respect du devoir, c'est une attitude constante de l'individu, un bien à rechercher. La gloire ne peut animer le bien que dans un monde où, dans une certaine mesure au moins, il est fait honneur à la nature humaine. L'homme noble avait toujours fait résider la valeur dans l'affirmation et l'idéalisation du moi; à cet égard, on peut considérer Corneille comme un des champions de la morale aristocratique au XVIIe