À l’époque où la noirceur cloîtrait les québécois dans la rigueur et la contrainte, une vision nostalgique et très nationaliste de l’histoire canadienne a imprégné le théâtre du Canada français. Cela se manifeste avec les pièces de deux écrivains québécois; Gratien Gélinas et Marcel Dubé. Chacune à leur façon, ces pièces racontent l’histoire d’un homme épris d'un grand sentiment de solitude. Tit-Coq, pièce écrite par Gratien Gélinas présente le personnage d’Arthur Saint-Jean, un soldat Canadien-Français ayant vécu une enfance difficile à Montréal et issu de parents inconnus. Un simple soldat, œuvre écrite par Marcel Dubé, où Joseph Latour, soldat révolté et démobilisé, n'arrive pas à trouver sa place avec sa famille et la société. À la lecture de ces deux pièces, est-il possible que la solitude éprouvée par Arthur Saint-Jean et celle vécue par Joseph Latour soient semblables ? Selon moi, elles sont différentes l'une de l'autre et ce, même s'ils sont tous les deux responsables de leur propre sentiment de solitude suite aux gestes qu'ils ont commis.
Tit-Coq, jeune adulte marqué par la honte parce qu’il est un enfant illégitime est de ce fait seul au monde. La solitude vécue par Tit-Coq l’amène à éprouver un profond désir d’avoir une famille bien à lui. Pour combler son grand manque affectif, il est d’un tempérament gentil et affable envers les autres, désirant combler les besoins des autres avant les siens. Il doit partir outre-mer en laissant celle qu'il aime et qui est prête à l'attendre. Désirant le bonheur de Marie-Ange avant le sien, Tit-Coq décide de lui écrire en lui disant qu'elle n'est pas obligée de l'attendre. Un geste d'amour pour Ti-Coq mais qui, pour Marie-Ange, est davantage un désengagement de la part de l'homme qu'elle aime. Ainsi, par cette missive, Arthur est responsable du fait qu’elle se soit tournée vers un autre homme et qu'une fois revenu au pays, il se soit retrouvé à nouveau confronté à sa propre solitude en faisant face à Marie-Ange