Titanic et le triomphe du film
D’un côté Julia, embarquée sur le Titanic avec ses enfants, qu’elle souhaite élever dans son Michigan natal. De l’autre, Richard, aristocrate bon teint, qui n’entend guère voir sa progéniture grandir ailleurs qu’à Paris. Tiraillements, disputes, fugue des bambins à travers les coursives… Bref, voyage mouvementé, que Negulesco émaille d’une galerie de personnages plus attachants les uns que les autres : étudiant rêveur, prêtre défroqué, héritière fantasque, etc. Le but : faire oublier au spectateur l’issue fatale. Bousculer les codes du film catastrophe. D’ordinaire, en effet, le genre impose d’installer dès les premières scènes, divers signes avant-coureurs du drame : comme une épée de Damoclès planant sur …afficher plus de contenu…
Nouveau succès, qui incite Joseph Goebbels, patron du cinéma nazi, à s’emparer du sujet pour produire en 1943 « Titanic »… pur film de propagande où le naufrage est attribué à « la cupidité des élites juives cosmopolites ». La Seconde Guerre achevée, avec son terrible lot d’atrocités (la Shoah, Hiroshima…), on pourrait croire le Titanic à jamais condamnée à l’oubli des fonds marins. Mais non. En 1952, la 20th Century-Fox met en chantier une nouvelle évocation du naufrage. Les raisons ? D’abord la Guerre Froide, qui génère un engouement inattendu pour les films catastrophes. Ensuite, l’essor de la télévision, que les studios entendent bien torpiller à coups de productions