« La discipline nous fait passer de l’état d’animal à celui d’homme. Un animal est par son instinct tout ce qu’il peut être ; une raison étrangère a pris d’avance pour lui tous les soins indispensables. Mais l’homme a besoin de sa propre raison. Il n’a pas d’instinct, et il faut qu’il se fasse à lui-même son plan de conduite. Mais comme il n’en est pas immédiatement capable, il a besoin du secours des autres. L’espèce humaine est obligée de tirer peu à peu d’elle-même par ses propres efforts toutes les qualités naturelles qui appartiennent à l’humanité. Une génération fait l’éducation d’une autre (…) La discipline empêche l’homme de se laisser détourner de sa destination, de l’humanité, par ses penchants brutaux (…) Mais la discipline est purement négative, car elle se borne à dépouiller l’homme de sa sauvagerie : l’instruction au contraire est la partie positive de l’éducation (…). Le manque de discipline est un mal pire que le défaut de culture, car celle-ci peut encore se réparer plus tard, tandis qu’on ne peut plus chasser la sauvagerie et corriger un défaut de discipline. Peut être l’éducation deviendra-t-elle toujours meilleure et chacune des générations qui se succèderont fera-t-elle un pas de plus vers le perfectionnement de l’humanité ; car c’est dans le problème de l’éducation que git le grand secret de la perfection de la nature humaine » KANT, Traité de