Travail dans le monde
ET CONDITIONS DE TRAVAIL
Ce texte reprend l’essentiel des interventions de Denise Renou-Parent et Jocelyne Machefer à Bruxelles[1][1], en octobre et novembre 2001
La santé ne doit-elle pas être considérée comme un processus dynamique, un objectif à atteindre et à maintenir. Si la normalité se donne « comme un équilibre instable, fondamentalement précaire, entre souffrance et défenses contre la souffrance » (Chr.Dejours), cette normalité est finalement obtenue par les hommes et les femmes qui travaillent, au prix de la mise en place de stratégies individuelles et collectives de défense tendant à ne pas se laisser déborder par la souffrance et ainsi à éviter les décompensations, qu’elles soient somatiques ou psychiatriques.
De nombreux médecins du travail, confrontés dès les années quatre-vingts dix à la violence et la précarisation grandissante des situations professionnelles ont donné l’alerte par un ouvrage collectif de témoignages intitulé Souffrances et précarités au travail(collectif Paroles de médecins du travail), publié en 1994. A la lecture de l’ouvrage, émerge une évidence : la violence et la précarisation concernent d’abord les femmes ! On est surtout frappés par le silence de ces femmes.
Nous avons donc décidé la publication d’un nouvel ouvrage collectif. Les témoignages ont été recueillis de 1996 à 1999, essentiellement par des femmes médecins du travail. Ce livre, publié en l’an 2000 est intitulé Femmes au travail, violences vécues (Eve Semat est le non fictif donné au collectif des auteures).
Notre objectif était de mettre en évidence la violence du travail dans les difficultés rencontrées par les femmes pour se construire comme sujets féminins. Dans ces situations de travail où les femmes ne pouvaient trouver de subversion possible à leur souffrance, ni d’issue envisageable dans un autre emploi, nous avons considéré qu’il y avait « violence », même si ces femmes ne subissaient aucune contrainte corporelle. La