Tueur né
Lointainement adapté d’un scénario de Quentin Tarantino (ce dernier reniera en bloc les choix scénaristiques et visuels d’Oliver Stone et les deux hommes resteront très longtemps fâchés à cause de ce film), Tueurs-Nés est l’odyssée sanglante d’un couple sanguinaire se retrouvant du jour au lendemain sous les feux des projecteurs et porté au rang d’idoles. Systématiquement banni à sa sortie et décrit comme une incitation à la violence comme l’avait été quelques années plus tôt Orange Mécanique, Tueurs-Nés se révèle être un chef d’œuvre satyrique qui fit trembler de tous son long la grande et imperturbable société américaine, société bien entendu irréprochable et blanche comme neige.
Illustration incontournable d’une guerre délibérément ouverte contre la société, Tueurs-Nés est avant tout un ébouriffant exercice visuel effectué avec une habileté incroyable par un Oliver Stone qui a certainement découvert les vertus des champignons hallucinogènes. Ici, pas besoin d’y aller avec des pincettes, on entre directement le vif du sujet avec une déferlante de violence et de dialogues à prendre au 50ème degré. Pendant près de deux heures un rythme infernal se propage de scènes en scènes où images et scènes de toutes sortes se succèdent à une vitesse hallucinante dans un style très artistique et diversifié (manga, passage couleurs, noir et blanc, image ternie…). Oliver Stone s’est fait plaisir et ça se ressent à chaque instant.
Sulfureux, scandaleux, dérangeant, choquant, Tueurs-Nés est un portrait au vitriol d’une société décadente, une critique