Les montres molles
Dans les années trente, Dali (Figueras 1904 – 1989) fait émerger sa véritable originalité et identité sous l’œil attentif de Gala, précédemment épouse de Paul Eluard et amante de Max Ernst. Dali passait alors auprès de ses amis pour un malade mental proche de la folie. Gala, elle, est séduite par l’homme qui cherche à “scanDALIser”. En restant à ses côtés, elle aidera l’artiste excessif à canaliser ses pulsions pour entrer dans un registre hautement créatif. De ces années, naîtront les grands chefs d’œuvre de Dali parmi lesquels, La Persistance de la Mémoire.
Sur un fond de paysage méditerranéen où les rochers durs, secs et ensoleillés de Cadaqués se détachent sur l’azur du ciel et de la mer, Dali installe trois montres molles. Elles sont posées, comme de vieilles serviettes, sur un arbre mort, une table et une étrange créature du type mollusque, qui n’est rien d’autre que l’autoportrait de l’artiste, de profil avec ses longs cils. Toute sa vie, Dali a évoqué sa phobie des fourmis. Elles dévorent tout et symbolisent, pour lui, la décadence, l’éphémère, la pourriture. Ici, elles s’attaquent, comme dans un film de science-fiction, à la quatrième montre, en or, qui est la seule à être dure, pour définitivement anéantir le temps nous renvoyant ainsi à notre finitude, sujet d’obsession et de panique pour l’artiste. L’impact de l’œuvre est immédiat. A la dureté des rochers, Dali oppose la mollesse des montres nous plongeant dans une sorte de méditation étrange sur la fuite du temps. Cette opposition évoque la dualité de l’homme : la putréfaction, la