Un chat
Tiens…. Un chat !
Je ne peux pas m'emp\^{e}cher de pleurer. D\`{e}s que je vois \`{a} la
t'{e}l'{e}vision une personne racontant le sort tragique subi par un
\^{e}tre cher \`{a} son coeur dans le d'{e}sastre du World Trade Center, je
ne peux pas contr\^{o}ler mes larmes. Mais je me demande pourquoi je n'ai
pas pleur'{e} quand nos troupes ont an'{e}anti 5000 personnes dans le
quartier panam'{e}en d'El Chorillo, sous pr'{e}texte de chercher Noriega.
Nos dirigeants savaient qu'il se cachait ailleurs, mais nous avons
d'{e}truit El Chorillo parce que les gens qui vivaient l\`{a} '{e}taient
des ''nationalistes'' qui voulaient que les Etats-Unis quittent Panama. Pis
encore, pourquoi n'ai-je pas pleur'{e} quand nous avons tu'{e} 2 millions
de Vietnamiens, pour la plupart d'innocents paysans, dans une guerre que son
principal architecte, le secr'{e}taire \`{a} la d'{e}fense Robert Mac
Namara, savait que nous ne gagnerions pas ? Quand je suis all'{e} donner
mon sang l'autre jour, j'ai remarqu'{e} un Cambodgien qui faisait de
m\^{e}me et cela m'a interpell'{e} : pourquoi n'ai-je pas pleur'{e} quand
nous aidions Pol Pot \`{a} en massacrer un million d'autres, en lui donnant
des armes et de l'argent, parce qu'il '{e}tait oppos'{e} \`{a} ''notre
ennemi'' (au final, c'est ce dernier qui a arr\^{e}t'{e} les tueries) ?
Ce soir, pour ne pas me coucher mais ne pas pleurer non plus, j'ai
d'{e}cid'{e} d'aller voir un film. J'ai choisi Lumumba, au Film Forum, et,
encore une fois, j'ai r'{e}alis'{e} que je n'avais pas pleur'{e} quand
notre gouvernement pr'{e}parait le meurtre du seul dirigeant convenable du
Congo pour le remplacer par le g'{e}n'{e}ral Mobutu, un dictateur avide,
vicieux et assassin. Pas plus que je n'ai pleur'{e} quand la CIA pr'{e}%
parait, en Indon'{e}sie, le renversement de Sukarno, qui avait combattu
l'envahisseur japonais pendant la Seconde Guerre mondiale et '{e}tabli un