Un mensonge qui dit-il la vérité
Le dialogue devient alors un de ces genres courts particulièrement indicatif de l’esprit du temps. Le lecteur est un « semblable », un « frère » qu’on instruit avec élégance (première sorte de dialogue selon Pellisson : le dialogue didactique portant sur la jurisprudence, la géométrie, l’algèbre et l’ensemble des sciences, dont on peut voir une application dans l’analyse de la controverse scientifique du Discours à Madame de la Sablière) ou par la raillerie (seconde sorte : les dialogues de raillerie portant sur la politique, la rhétorique et la poésie – les Provinciales en seront un – qui « ne vont à l’utilité que par le plaisir », et « leurs traits ingénieux, subtils, fins, délicats, descendent quelquefois plus avant dans l’âme que les préceptes les plus sérieux et …afficher plus de contenu…
Les fables, comme les énigmes, étaient le quotidien des salons du temps ; on savait, en quelques heures, écrire une fable sur un sujet d’actualité pour la plus grande joie des participants : on cherche alors les « clefs ». On savait ainsi reconnaître la satire d’un homme sous les apparences animales. Ce jeu de salon, typique de l’époque, s’accompagnait rarement d’une publication, et la règle était de se distraire, et non nécessairement de délivrer une morale. C’est la tradition mondaine ou galante de la fable. Inversement et à la même époque, de nombreux érudits composaient ou traduisaient des fables pour qu’elles servent à l’édification des jeunes gens ou de leurs contemporains, c’est ce que l’on appelle la tradition savante de la fable. Un fabuliste comme La Fontaine est donc à la fois lié à la mode des jeux mondains et à la tradition savante des théoriciens et des