Un roi sans divertissement - jean giono
I - Genèse de l'œuvre - Le genre de la chronique. Un Roi sans divertissement est contemporain d'une phase sombre dans la vie de Jean Giono.
Incarcéré en 1939 au moment de la mobilisation parce qu'il avait signé des publications pacifistes, l'écrivain a été arrêté fin août 1944, quelques jours après le débarquement allié, sur les ordres du
Comité de Libération de Manosque, qui lui reproche sa collaboration à la revue La Gerbe. Giono est …afficher plus de contenu…
On a souvent tort en effet de confondre ce
"Sud mental" avec la Provence (Giono n'est rien moins qu'un écrivain régionaliste !). Dans Un
Roi sans divertissement, les lieux sont certes parfaitement identifiables (la région de
Chichilianne, dans le Trièves, aux confins de l'Isère et de la Drôme), mais c'est une région que
Giono s'est réappropriée. De ce "cloître de montagnes", il a pu dire : "C'est de ce pays au fond que j'ai été fait pendant plus de 20 ans" (Journal, 1946).
La chronique raconte un fait divers à portée métaphysique : ce qui est en cause ici, c'est la condition humaine. Mais qu'on n'en attende pas non plus de «leçon». L'incertitude maintenue sur les mobiles des personnages et même sur leurs actes se contente tout au plus de poser des questions …afficher plus de contenu…
Giono semble s'amuser à répéter ces poncifs : ainsi pp. 62-63 où l'inconnu apparaît morceau par morceau; p. 48 où le narrateur précise qu'il n'écrit pas un fait divers banal d'homme-vampire; pp. 64-74 enfin, dans la longue filature de Frédéric. Car c'est tout autre chose que l'on devine, grâce en partie aux parenthèses ou aux incidentes, par lesquelles le narrateur, mine de rien, nous dit l'essentiel : ainsi l'atmosphère est en fait révélatrice (p.
26) des terreurs ancestrales et propres à l'humanité depuis qu'elle a quitté le soleil pour "les voûtes"
(cf. p. 29). Très vite, on comprend que l'identité du criminel n'a pas d'importance (une initiale : M. V.) et que seul compte son mobile (p. 44). Le dénouement laissera le lecteur sur sa faim : pourquoi