Une vie, le récit d'une chute
Le roman naturaliste de Maupassant, Une vie, est le récit d’une déchéance. Il est constitué de tout ce qui aurait pu avoir lieu, ou qui aurait du avoir lieu, de ce qui a été ardemment désiré et rêvé pendant l’enfance et l’adolescence mais qui ne s’est malheureusement pas accompli à l’âge adulte. La vie de Jeanne, le personnage principal sera bouleversée par une terrible collection de malheurs, tous ses espoirs de l’adolescence ne sont plus que des désillusions. Jeanne va accumuler des malheurs dans sa vie personnelle et familiale. De plus, elle va être peu à peu amenée au bord de la faillite financière et perdre son rang social. Une vie est donc le récit de l’invivable, de l’invécu, comme si de cette vie que prétend nous raconter le roman, nous ne possédions que le négatif.
Jeanne connaît tout d’abord un échec personnel et familial. Au début du roman, Jeanne a dix sept ans, elle a tout pour être heureuse, la beauté, la fortune, l’éducation particulièrement suivie qui est le résultat des principes de son père. Elle a été mise au couvent dès ses douze ans mais en revient ignorante des réalités de la vie. Jeanne ne vit qu’a travers ses rêveries : « et elle se mit à rêver d’amour » (Chapitre I). Mais elle va se heurter à la réalité. Moins de quatre mois après sa sortie du couvent, elle épouse Julien, le vicomte de Lamare qui devrait garantir le bonheur de toute une vie. Elle semble alors comblée lors de son voyage de noces en Corse. Cependant, dès son retour à la propriété familiale des Peuples, sa vie se sera plus qu’une longue dégradation. Très vite, son mari se révèle violent, notamment avec les fermiers et les domestiques, mais aussi avec elle dès leur nuit de noces. Il est également avare, puis commence à se négliger et à devenir indifférent à son épouse. À peine installée, elle est trompée par son époux avec Rosalie, la servante, qui a accouché d’un bâtard. Une fois la servante éloignée avec son fils, le couple se reconstitue