Urbanisme
Daniel Pinson
CIRTA (Centre Interdisciplinaire de recherche sur les Territoires et leur Aménagement),
Institut d’Aménagement Régional, Université de Droit, d’Economie et des Sciences d’Aix-Marseille,
France (article pour la revue « Futures », août 2003)
Résumé
Depuis une vingtaine d’année la recherche et tout particulièrement la recherche sur la ville éprouve le besoin de sortir des enclaves disciplinaires. L’urbanisme, qui revendique, depuis sa fondation, au début du XXe siècle, les atouts de la pluridisciplinarité est particulièrement concerné par cette ouverture. Cependant cette dernière peut aussi l’affaiblir comme discipline, dans le mesure où, domaine de connaissance récent, à force d’emprunter sans vigilance les connaissances établies par les sciences sociales et les sciences d’ingénierie, il oublierait de faire l’inventaire de ses propres acquis théoriques et pratiques et d’en construire, en prenant compte des évolutions sociétales, le renouvellement. Or c’est bien dans la mesure où l’on est capable de s’identifier comme discipline que l’on peut mettre en œuvre une ouverture transdisciplinaire féconde.
Mots clefs : épistémologie, urban planning, pluridisciplinarité, transdisciplinarité, science fondamentale, science appliquée.
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Introduction : L’urbanisme ou comment être une « discipline pluridisciplinaire »
La transgression des frontières disciplinaires dans la recherche est apparue, depuis une vingtaine d’années, une évidente nécessité de la science moderne. Pourtant pratiquée depuis assez longtemps, comme Thomas Kuhn nous en donne l’illustration avec l’incursion du physicien Dalton dans la chimie au début du XXe siècle [1], elle restait jusque là considérée comme une audace inacceptable.
Pour ce qui est de l’urbanisme, le déplacement de toutes sortes de problématiques portées par les sciences de l’homme et de la société vers l’urbain associe plus que jamais l’urbaniste, qu’il