Valets et servantes
Les valets et les servantes de comédie sont des types. Ils constituent un personnel comique traditionnel au jeu, à I'habit, au langage, aux fonctions caractéristiques, au même titre que les amoureux, les rivaux, les barbons ou les pères depuis que "la comédie nouvelle", avec Ménandre, Plaute et Térence, du IVe au lIe siècle av. J.-C., a fait des conflits familiaux - et non plus socio-politiques comme chez Aristophane - la matière toujours recommencée du genre. Molière, grand "emprunteur" (Voir Sources*), s'inscrit dans cette tradition humaniste, tout en puisant dans la farce* médiévale et dans la Commedia dell'arte* qui traitent aussi de sujets analogues au moyen de types sociaux comparables, chers au théâtre populaire (soldat, parasite, marchand, mégère, entremetteuse). Mais le genre, en se naturalisant et en se rapprochant des mœurs du temps, a modifié ce personnel comique. Des types anciens disparaissent avec Molière: l'esclave antique en premier lieu (Sosie et Cléanthis sont "valet" et "suivante" dans Amphitryon*), la nourrice, jouée le plus souvent par un homme, qu'on trouve encore dans Le Médecin malgré lui*, la "femme d'intrigue", alias la "maquerelle" des comédies du XVIe siècle (Frosine de L'Avare*), le parasite ou le matamore, cher encore à Corneille* avec L'illusion comique. Se développe, en revanche, une domesticité plus familière aux spectateurs, comme la suivante ou le laquais, signes extérieurs de prestige: Jeannot et Criquet de La Comtesse d'Escarbagnas*, Dorine du Tartuffe*, Claudine de George Dandin*. Il serait toutefois de peu de profit, malgré divers détails réalistes (Maître Jacques de L'Avare, cuisinier et cocher), d'orienter ce recensement vers le manuel de sociologie. Au sein d'un corps domestique abondant et très hiérarchisé, les valets et les servantes ont rarement chez Molière et dans la comédie en général une fonction particulière, si ce n'est une proximité et une intimité avec les maîtres plus vraisemblables que