Vaut-il mieux changer nos desirs plutot que l'ordre du monde ?
Toutefois, une telle attitude présuppose de limiter nos désirs. Dès lors, cela n’implique-t-il pas de s’empêcher de les réaliser puisqu’à la limite on pourrait aller jusqu’à vouloir les supprimer ? N’est-il pas préférable de tenter de les réaliser, condition minimale pour qu’ils soient satisfaits ?
Dès lors, vaut-il mieux changer nos désirs que l’ordre du monde ou au contraire ne faut-il pas tenter de réaliser nos désirs quoiqu’il arrive ? Dans un premier temps, préferer changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde peut être en effet conçu comme la manifestation de l’impuissance. On pense que le monde a un ordre qui ne dépend pas de nous. Or, dépendent de nous nos désirs non pas en tant que désirs mais en tant qu’ils visent certains objets et appartiennent donc à nos pensées. On peut alors modifier nos désirs pour faire en sorte qu’ils soient toujours satisfaits. Il faut vouloir ce qui arrive comme cela arrive et non que ce qu’on veut arrive comme on le veut prescrivait Épictète dans son Manuel à qui voulait être toujours satisfait. Il présupposait ainsi que l’ordre du monde, c’est-à-dire le fait que tous les faits sont liés nécessairement et surtout indépendamment de nous, était un obstacle à nos désirs en tant qu’il existe indépendamment d’eux. Or, comment l’ordre du monde peut-il faire obstacle à nos désirs ?
S’il s’agit des choses elles-mêmes, il est possible de les modifier par l’activité humaine. Disons donc avec Hegel dans sa Propédeutique philosophique que par le travail il est possible de donner une forme objective à nos buts, quels qu’ils soient. En effet, il n’est rien d’autre que la modification