voirie
La première en beauté des pièces tragiques n’est qu’un temps fort : Antigone va mourir dans un monde où la nature est à la mort qui vient. Elle nomme une œuvre à jamais vive parce que ses pas sans peur font peur : le choix de la mort pour un mort se suit d’une lecture vertigineuse et l’écriture est à la hauteur. Tout naturellement, les époques passent et la politique de Sophocle est actuelle en chacune : des jugements de valeur ne cessent de pleurer la ferme foi d’Antigone quand d’autres sédimentent en faveur de Créon pour sa raison d’État. Au-delà des plaidoiries érudites qui forment une littéra-ture secondaire de plus de sept portes, la tragique énigme s’ouvre résolument à un jugement de réalité.
Empruntons un détour contrastant aux réalités dramatiques des guerres modernes. Dans des boues qui n’inspirent livres, il est abondamment rapporté que des soldats bravent le feu ennemi pour rendre à leurs lignes de feus amis. Des braves en tombent. Descendent-ils d’Antigone ? Certes pas : ils se situent dans le risque