Voltaire candide la bataille
Lecture analytique n° 1 : La bataille
La vision esthétisante d'une guerre « normale »
Les premières lignes de ce texte nous plongent dans un véritable spectacle (que, dans un premier temps, Candide admire sans doute, nous y reviendrons). Les préparatifs de la bataille peuvent satisfaire le public le plus exigeant (peut-être aussi les rois qui le contemplent en même temps qu'ils en sont les initiateurs) en s'adressant aussi bien au sens de la vue qu'à celui de l'ouïe. La première phrase, en effet, avec l'énumération de quatre adjectifs qualificatifs mélioratifs, la répétition de l'adverbe d'intensité « si », l'hyperbole (« rien n'était si ») et même son rythme croissant exprime bien l'admiration que l'on peut ressentir à cette vue. La seconde, quant à elle, propose une sorte d'ouverture « en fanfare » : une fois encore, nous trouvons une énumération d'instruments de musique qui peut nous donner l'idée d'une sorte de concert joyeux (l'adjectif « leste » l.1 donnait déjà cette idée) et tout à fait maîtrisé, pour produire une véritable « harmonie » (l.3).
Par ailleurs nous découvrons ici deux armées en parfait « état de marche ». On peut tout d'abord relever une sorte de réalisme, un aspect informatif dans ces lignes : Voltaire décrit véritablement ce qui alors était pratiqué. Il y avait en effet, jusque sur le champ de bataille (voir Barry Lyndon de Stanley Kubrick) la présence de ces instruments de musique et Voltaire utilise également des termes techniques qui renvoient à la réalité militaire de l'époque : « canon », « mousqueterie », « baïonnette ». La bataille se déroule avec ordre : on peut remarquer l'emploi des indices temporels (« d'abord », « ensuite », « aussi », « enfin »), on peut noter qu'il s'agit bien des étapes normales (que l'on pourra retrouver jusque dans la guerre de 14-18 par exemple) d'un affrontement qui fait se succéder l'artillerie, l'infanterie et le combat au corps à corps. On a par ailleurs l'impression que tout