William shakespear la megere aprivoisée
Padoue.-Place publique.
LUCENTIO ET TRANIO.
LUCENTIO.-Tranio, conduit par le violent désir que j'avais de voir la superbe Padoue, berceau des arts, me voici arrivé dans la fertile Lombardie, le riant jardin de la grande Italie ; grâce à l'affection et à la complaisance de mon père, je suis armé de son bon vouloir et de ta bonne compagnie, ô mon loyal serviteur dont l'honnêteté est à toute épreuve ; respirons donc ici, et commençons heureusement un cours de sciences et d'études littéraires. Pise, renommée par ses graves citoyens, m'a donné la naissance, et Vincentio, mon père, négociant qui fait un grand commerce dans le monde, descend des Bentivolio. Il convient que le fils de Vincentio, élevé à Florence pour remplir toutes les espérances qu'on a conçues de lui, orne sa fortune d'actions vertueuses. Ainsi, Tranio, pendant le temps que je consacrerai aux études, je veux m'appliquer à la recherche de la vertu, et de cette partie de la philosophie qui traite du bonheur que la vertu donne. Déclare-moi ta pensée, car j'ai quitté Pise, et je suis venu à Padoue comme un homme altéré qui quitte une mare peu profonde pour se plonger dans de profondes eaux et étancher sa soif.TRANIO.-Mi perdonate [Mi perdonate, excusez-moi.], mon aimable maître ; je partage vos sentiments en tout ; je suis ravi de vous voir persévérer dans votre résolution de savourer les douceurs de la douce philosophie. Seulement, mon cher maître, tout en admirant la vertu et cette discipline morale, ne devenons pas des stoïques, ni des sots, je vous en prie ; ne soyons pas si dévoués aux durs préceptes d'Aristote, qu'Ovide soit entièrement mis de côté.
Parlez logique avec les connaissances que vous avez, et pratiquez la rhétorique dans vos conversations journalières ; usez de la musique et de la poésie pour ranimer vos esprits ; livrez-vous aux mathématiques et à la métaphysique, selon ce que votre estomac pourra supporter ; il n'y a