XY de l’identité masculine
Enthousiasmé, perdu, stimulé, confronté, ébranlé, conforté, inspiré… Je ne sais lequel de ces adjectifs colle le mieux à ce que je ressens présentement, quelques heures après avoir achevé « XY de l’identité masculine ». Après tout, il n’est écrit nulle part qu’on ne puisse pas ressentir toutes ces émotions en même temps, d’autant qu’au fond, elles ne s’excluent pas forcément. Poussons le bouchon : peut-être suis-je enthousiasmé d’avoir été perdu, stimulé d’avoir été confronté, moi pauvre mâle blanc occidental hétérosexuel divorcé psychotique ! À tout le moins me sens-je plus intelligent après « XY » qu’avant.

Quoique publié pour la première fois en 1992, l’ouvrage qu’Elisabeth Badinter a consacré à l’identité masculine n’a rien perdu de son actualité ni de sa pertinence. Car aujourd’hui peut-être plus encore qu’il y a douze ans, la masculinité est questionnée de tous bords. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les débats actuels sur le mariage gay ou l’adoption par les homosexuels, sur le congé parental ou le célibat, sur l’égalité des sexes au travail ou en politique : en toile de fond de toutes ces questions de société, on retrouve la crise du modèle patriarcal qui régissait nos sociétés depuis des siècles et les difficultés qu’éprouvent les hommes d’aujourd’hui – beaucoup plus que les femmes même si bien sûr ces questions les concernent également – à se situer dans leur identité, leur sexualité et leur rôle social. Il est difficile de cerner précisément quel modèle est en train d’émerger, à supposer d’ailleurs qu’il n’y en ait qu’un, mais de toute évidence « rien ne sera jamais comme avant » même si les mentalités sont longues à changer.
Avant d’aller plus loin, l’inévitable (avec moi) quatrième de couverture :
« Longtemps, la masculinité a semblé aller de soi. Chaque homme devait ressembler à l’idéal viril qui dominait toute la culture. L’identité sexuelle paraissait inscrite dans la nature. Ces trois dernière décennies,