Zola, élaboration de La bête humaine
En 1878, retiré à Médan, l'idée d'un roman sur le rail lui vint à l'esprit (sa propriété n'était guère éloignée de la ligne Paris - Le Havre...). " l'on y verra l'amour en wagon, l'accident sous le tunnel, l'effort de la locomotive, la collision, le choc, le désastre, la fuite, tout ce monde noir, enfumé et bruyant ", projetait-il.
C'est en novembre 1888 que le projet de La Bête Humaine, tel que nous le connaissons aujourd'hui, fait son apparition. Soucieux de ne pas développer en plus de vingt volumes l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire, il se décide alors à fusionner ces deux projets. Mais logiquement, pour faire un roman sur la justice, il faut qu'il y ait enquête, procès... il s'inspire donc de la presse, des exploits de Jack l'éventreur à Londres, et rajoute la notion de crime à son projet de roman déjà bien chargé.
Dans l'ébauche de La Bête Humaine, qu'il élabore à partir de novembre 1888, il détaille ses intentions. "Un employé de chemin de fer" est pris de " folie homicide", et Zola produit un "drame violent à donner le cauchemar à tout Paris". A la fin de l'ébauche, il laisse entrevoir le rôle symbolique que le chemin de fer jouera : "Le chemin de fer comme fond, le progrès qui passe devant la bête humaine déchaînée". Mais il se rend compte que d'utiliser comme héros Etienne Lantier, qui était déjà présent dans L'Assommoir et dans Germinal, est impossible. Il confia au critique hollandais Kolff : "II est peu à croire que le héros de mon prochain roman... soit Etienne Lantier. Je vais sans doute être obligé de créer un personnage que j'ajouterai plus tard". Et ce qu'il fit : il crée