Zola
Chapitre 12 :
Cette nuit-là, dans leur lit où il imposait «volontaire abstinence, chasteté théorique, où il devait aboutir pour donner à la peinture toute sa virilité», Christine ayant «la sensation d’un vide» (page 341) s’éveille, et découvre Claude travaillant à son grand tableau, repris par «sa rage impuissante de création» alors que «plus il s’y acharnait, et plus l’incohérence augmentait» (page 342). Mais, cette fois, il retouche «la Femme nue», peignant «le ventre et les cuisses en visionnaire affolé, que le tourment du vrai jetait à l’exaltation de l’irréel ; et ces cuisses se doraient en colonnes de tabernacle, ce ventre devenait un astre, éclatant de jaune et de rouge purs» (page 343). Aussi se révolte-t-elle contre «l’assassine, qui a empoisonné [sa] vie», qui est sa vraie femme (page 344). Elle l’implore : «Si tu ne peux être un grand peintre, la vie nous reste, ah ! la vie, la vie…[…] N’est-ce pas trop bête de n’être que deux, de vieillir déjà, et de nous torturer, de ne pas savoir nous faire du bonheur?», vitupère «l’art, le Tout-puissant, le Dieu farouche qui nous foudroie et que tu honores» (page 345), lui reproche de «brûler pour des images, serrer dans ses bras le vide d’une illusion !» «Le désir l’exaltait, c’était un outrage que cette abstinence.» (page 346). Claude, comme réveillé, en vient à s’étonner d’avoir peint «cette idole d’une religion inconnue» (page 347) qui «le liait de ses membres, de ses bras nus, de ses jambes nues.» (page 348), dans «une prise de possession, où elle semblait vouloir le faire sien.» (page 349). Ils se livrent alors à l’amour avec une rage qu’ils n’avaient jamais connue. Mais, au matin, se réveillant de nouveau seule, elle le retrouve dans l’atelier, «pendu à la grande échelle, en face de son œuvre manquée» (page 352).
Christine, «ramassée mourante» (page 353), victime d’une fièvre cérébrale, étant à l’hôpital, Sandoz s’occupe de l’office funèbre à l’église