D'un château l'autre, Céline
D'un château l'autre, Céline
Étude de la séquence 29 : de « Moi qui croyais ! » à « je vous raconterai » [p 152 à 171 (La Pléïade)]
Le roman relate l'exil, de gré ou de force, des politiques du régime de Vichy, à Sigmaringen
(ville du sud de l'Allemagne) à la fin de la seconde guerre mondiale : « les Allemands avaient de gré ou de force réuni en septembre 1944 la plupart des hommes politiques qui avaient joué un rôle officiel dans les derniers mois du gouvernement de Vichy. 1 » Le passage étudié ici met en scène un narrateur fictif, double de Céline, à Sigmaringen, ville située dans le sud de l'Allemagne (Céline y fera un séjour de novembre 1944 à mars 1945). Aïcha von Raumnitz (femme du policier allemand von Raumnitz) demande au narrateur – lequel se rend à la Milice – de retrouver sa fille Hilda.
Commence alors une longue déambulation du double fictif, dans laquelle la gare apparaît comme un lieu orgiaque peuplé de femmes enceintes et de grands-mères, et où l'agitation est à son comble.
Plus loin, des S.A. tuent un civil allemand, l'intervention de Laval (Pierre Laval, un des principaux politiques du gouvernement de Vichy) permettra d'éviter un carnage (réel ou fictif ?). Céline intègre des descriptions anecdotiques de certains dirigeants politiques (Pétain et Laval notamment). Ces dirigeants étant à l'époque persona non grata auprès de la majorité des français, l'auteur affirme sa différence face à ces politiques sans pour autant fustiger totalement les actions que ceux-ci ont menées sous l'occupation allemande. Est-ce une façon de se dédouaner de ses propres choix, voire de les justifier en partie ? D'un côté Céline dénonce, d'un autre il modère son propos et se fait juge et avocat des intéressés.
Le lien à l'Histoire apparaît comme essentiel dans le roman. Toutefois, ramener le récit célinien à un simple récit historique et authentique est inapproprié. « Il est de ces écrivains qui savent, non sans efforts parfois, faire sortir du