E=mc² mon amour
Chapitre 1:
Trois jours et c'est juillet.
C'est fini, on ne fait plus que des belotes dans le fond des salles, Mahmoud fume dans son casier et Léonore compulse son catalogue des Trois Suisses derrière son écran cahier. Ses yeux mous ne brillent que devant les photos d'aspirateurs, elle est moche.
Moi ça va, je passe en première les doigts dans le nez because je suis le meilleur, le plus fort, le plus génial, le plus tout, bref, le caïd.
BINGO.
Autant le dire tout de suite, ça fera gagner du temps - et de toute manière on s'en aperçoit vite -, je suis le meilleur, super même.
Pourtant, c'est pas l'hérédité qui explique le phénomène. Il suffit d'entendre Marcel discuter politique avec le speaker de la deuxième chaîne pour que les mecs qui me connaissent se demande si c'est bien mon père. c'est le seul type que j'aie vu discuter avec un speaker de télévision, et même aujourd'hui je ne m'y habitue pas...
Ma mère, c'est pas lumineux non plus, mais elle, c'est l'intestin. Elle le dit d'ailleurs: "c'est l'intestin". Elle explique tout comme ça.
Bref, c'est difficile à expliquer les raisons de mon intelligence, je m'en étonne moi-même.
BINGO.
Physiquement, je dois dire qu'il y a des moments où, suivant l'angle, je suis pas mal réussi comme mec. Ce qu'il y a, c'est que l'on veut à tout prix me coller dans une catégorie, je serais plutôt dans les menus. Pas fluets, mais menu. En deux mots, j'ai rien de la grande carcasse, mais je me rattrape avec mon visage qui est assez joli, comme me l'a dit un jour Léonore derrière la porte des waters. Parfois, je m'examine et, des trois quarts, en plissant les yeux comme si je fumais, en écartant les narines, je trouve que je fais Robert Redford enfant.
Donc, physiquement, je suis assez content dans l'ensemble, bien que j'aimerai être plus baraqué; j'ai les mollets costauds à cause du foot, mais le biceps reste un peu faible et puis je préfère bouquiner ou aller au ciné et, ça aussi, ça montre bien