L’affaire Dreyfus
Crise politique majeure de la 3ème République, l’affaire Dreyfus dépasse le cadre judiciaire pour devenir un véritable combat idéologique. Si la République résiste, la société française reste marquée par ce conflit. En quoi l’affaire Dreyfus révèle-t-elle les profondes divisions des Français à veille de la Première Guerre mondiale ?
1. Le développement d’une crise nationale
D’une simple histoire d’espionnage, la presse française fait un véritable débat national.
1.1. Une affaire d’espionnage
En 1894, les services du contre-espionnage français acquièrent la preuve que des documents militaires secrets sont transmis à l’ambassade d’Allemagne en France. Une enquête sommaire fait porter les soupçons sur un officier d’artillerie : le capitaine Dreyfus. Il est juif, sa famille, originaire d’Alsace, a choisi de s’installer en France après l’annexion de la province par l’Allemagne en 1871. Faute de certitudes, les poursuites sont abandonnées lorsque le journal nationaliste la Libre Parole révèle l’affaire au public. L’armée veut alors montrer son efficacité. Le 24 décembre 1894, Dreyfus est condamné par un tribunal militaire à la dégradation puis à la déportation à l’île du Diable.
1.2. Le premier combat pour la révision du procès
Tout au long du procès, Dreyfus clame son innocence. Soutenue par quelques hommes politiques et des journalistes, sa famille cherche ensuite à faire rouvrir le dossier. Le chef des renseignements militaires Georges Picquart est persuadé de l’innocence de Dreyfus et porte ses soupçons sur le commandant Esterhazy (homme endetté, joueur aux jeux). Picquart examine le dossier de Dreyfus. Il n’y a rien de concret qui puisse l’accuser, mais il remarque surtout qu’avant la condamnation, un dossier secret falsifié a été ajouté au dossier Dreyfus. L’armée refuse de remettre en cause le procès Dreyfus et d’admettre qu’elle s’est trompée. Picquart est muté dans le Sud tunisien avant d’être mis aux arrêts, puis à la retraite, mais il