L'art peut-il se passer de règles?
Ne dit-on pas d’une construction en architecture qu’elle a été réalisée dans les règles de l’art ? Mais ces règles, quelles sont-elles ? Si règles il y a, suffit-il donc de connaître et maîtriser une technique pour produire une oeuvre d'art ? Si l’art n’était fait que de règles, c’est-à-dire de conventions, de normes ou de disciplines, il pourrait donc s’enseigner et se transmettre, comme l’apprentissage de la lecture ou du calcul. Ce serait négliger l’aspect fondamental de l’art, qui contrairement aux sciences ou la technique, est guidée par l’originalité. Réduire l’art, de l’artisan, d’un grand chef ou d’un peintre à l’application de règles, n’est-ce pas là nier sa singularité?
En effet, l’art est une production humaine libérée de l’utilité immédiate et renvoyant aux interrogations liées à notre condition humaine : à la fois dévoilement d’une réalité d’habitude cachée, conscience du tragique, révolte contre toutes les formes de réification et expression de la vie spirituelle.
S’interroger sur les règles de l’art revient donc à se demander s’il est possible d’enseigner l’art, ou au contraire, si l’art ne relève que d’une inspiration, d’un don, du génie : l’art s’affranchirait-il de toute prescription pour n’être que pure et libre création ? Ou au contraire l’art, pour éviter toute facilité arbitraire et capricieuse, s’attribuerait-il ses propres règles ?
I/ L’art, en tant que technique est soumis à des règles (artisan, artiste)
L’art comme la technique oppose au monde naturel préexistant un monde artificiel, les deux exigent apprentissage Parenté historique entre artisanal et artistique Critique de la pure spontanéité ou inspiration : les artistes travaillent activement leurs matériaux Mais l’application stricte de règles conduit à l’indifférence et nuit à l’originalité (l’art n’est pas que la technique) Beauté adhérente et beauté libre (Kant) : l’art s’affranchit de la production d’objets utiles et des