L'atelier, jean-claude grumberg
A propos de son texte, l'auteur écrit aujourd'hui : 'ce que nous abordions en tremblant dans la solitude de notre douleur est maintenant hurlé dans une obscène cacophonie médiatique. (...) Peut-être aura-t-il fallu cinquante années pour comprendre et admettre que cette histoire n'est pas seulement l'histoire des Juifs, des Allemands et de Vichy, que cette histoire ouvre un chapitre inédit de l'histoire de l'humanité et que ce chapitre a pour titre Inhumanité.' "
Un très beau décor au réalisme nostalgique, des personnages joyeux, pleins de vie et insouciants dans cet atelier de confection à la fin de la guerre. Les plaisanteries fusent, c'est un jeu bien rôdé entre les ouvrières. Une nouvelle est arrivée ce jour, " pour les finitions " ; elle participe aux fous rires et à la bonne ambiance générale dans l'univers clos de l'atelier. Les Américains sont à Paris, la peur a cédé la place à l'euphorie, les plus jeunes ont bien l'intention de profiter de la vie�Mais bientôt la dernière arrivée parle de ses deux enfants et de son mari déporté. Une faille dans l'insouciance. Très vite les protagonistes se situent par rapport à ce contexte. L'ambiguïté des positions pendant l'occupation commence à poindre, comme celle de ce policier, mari de l'une d'entre elles, qui, dit-elle, a " sauvé des Israélites "�On apprend que le premier " presseur " revient de déportation, alors que le patron, juif et époux d'une juive allemande, cache mal un sentiment de culpabilité : quelques " bassesses " lui ont permis de se cacher et de sortir vivant de la guerre - culpabilité envers les autres juifs déportés, ceux qui sont revenus et ceux dont on attend encore le retour.
De tableau en tableau, au rythme des saisons et des années, l'intensité